Je me souviens, une fois, sur la route, avoir eu
Je me souviens, une fois, sur la route, avoir eu la tentation de leur parler comme un père parle à ses enfants qu'il est allé chercher au collège. J'ai inventé des questions sur leurs études. "Alors Mathieu, ce devoir sur Montaigne? Qu'est-ce que tu as eu comme note à ta dissertation? Et toi, Thomas, combien de fautes à ton thème de latin? Et la trigonométrie, comment ça se passe?"
Pendant que je leur parlais de leurs études, je regardais dans le rétroviseur leurs petites têtes hirsutes au regard vague. Peut-être que j'espérais qu'ils allaient me répondre sérieusement, qu'on allait arrêter là la comédie des enfants handicapés, que c'était pas drôle, ce jeu, qu'on allait redevenir enfin sérieux comme tout le monde, qu'ils allaient enfin devenir comme les autres...
J'ai attendu un moment la réponse.
Thomas a dit plusieurs fois: "Où on va, papa? Où on va papa?" tandis que Mathieu faisait "vroum vroum"...